Chez les patients âgés de plus de 65 ans, une autogreffe présente trop de risque et le traitement consiste à administrer une chimiothérapie anticancéreuse seule.
La chimiothérapie dans le traitement du myélome multiple
Deux associations de médicaments existent pour traiter le myélome multiple :
l’association dite « MPT » : melphalan + prednisone + thalidomide.
l’association dite « MPV » : melphalan + prednisone + bortezomib.
Dans certains cas particuliers, d’autres substances de chimiothérapie peuvent être prescrites. Les modalités de traitement varient selon les substances retenues. En règle générale, ces traitements sont administrés en cycles (quelques jours de traitement chaque mois) pour une durée totale de 12 à 18 mois. L’objectif du traitement est atteint lorsque le taux d’immunoglobuline monoclonale et le myélogramme sont redevenus normaux.
La chimiothérapie des myélomes multiples utilise des médicaments administrés par voie orale et d’autres qui doivent être injectés par voie intraveineuse. La pose d’une chambre implantable est alors nécessaire (voir encadré).
Qu’appelle-t-on chambre implantable ?
Pour faciliter l’administration des perfusions intraveineuses, il peut être nécessaire de poser une chambre implantable (ou « Port-a-cath ») : un boitier-réservoir est placé sous la peau au niveau de la clavicule, connecté à un tube souple (un cathéter) qui délivre le traitement directement dans un gros vaisseau sanguin. Posée sous anesthésie locale, la chambre implantable évite les dommages qu’une perfusion intraveineuse « normale » provoquerait au niveau des veines du bras. Il suffit de piquer dans le boitier à travers la peau pour administrer la cure. À la fin du traitement, la chambre implantable est retirée sous anesthésie locale.
Les effets indésirables des médicaments du myélome multiple
Les effets indésirables des médicaments de chimiothérapie du myélome multiple sont variables selon les substances prescrites. Le plus souvent, ce sont des nausées, des vomissements, de la fatigue, une anémie (baisse du nombre de globules rouges dans le sang), des saignements, une chute des cheveux, une sensibilité plus élevée aux infections, des lésions des nerfs (« neuropathie périphérique ») qui se traduisent par des sensations anormales et douloureuses (picotement, engourdissements) dans les pieds et les mains et/ou des troubles de l’audition (bourdonnements d’oreille, diminution de l’acuité auditive).
Le risque de formation de caillots de sang dans les veines (phlébite, embolie pulmonaire) est dû à la maladie elle-même et peut être augmenté par la chimiothérapie, notamment par le thalidomide et le lénalidomide. Pour cette raison, les patients traités contre un myélome multiple reçoivent systématiquement des médicaments anticoagulants (en général de l’aspirine) et doivent porter des bas de contention.
Le thalidomide peut également entraîner une constipation, de la somnolence et des gonflements des jambes. Il peut provoquer de graves malformations chez le fœtus en cas de prise pendant la grossesse. Cet effet tératogène contre-indique son utilisation chez les femmes susceptibles d’être enceintes et ne prenant pas une contraception rigoureuse.
Les corticoïdes utilisés dans le cadre du myélome multiple peuvent provoquer une fonte des muscles, des œdèmes (gonflements), de l’excitation, une dépression ou un diabète de type 2.
Qu’appelle-t-on syndrome de lyse tumorale ?
Lors des premières administrations de médicaments contre le myélome multiple (en particulier le thalidomide), certains patients développent une réaction appelée « syndrome de lyse tumorale ». L’élimination brutale des plasmocytes tués par la chimiothérapie entraîne une augmentation des taux sanguins de potassium, de phosphate, d’urée et d’acide urique, et une diminution des taux sanguins de calcium. Ce syndrome peut se traduire par de la faiblesse musculaire ou des crampes, des troubles cardiaques, l’apparition de goutte articulaire ou de calculs rénaux, voire une insuffisance rénale aiguë.
Des traitements préventifs sont administrés pour éviter l’apparition du syndrome de lyse tumorale.
Les autres traitements du myélome multiple
Le médecin peut être amené à prescrire d’autres médicaments pour soulager les symptômes de la maladie ou les complications de la chimiothérapie :
traitements contre la douleur autres que les anti-inflammatoires non stéroïdiens,
antibiotiques ou immunoglobulines pour lutter contre les infections,
facteurs de croissance destinés à lutter contre l’anémie ou la baisse des globules blancs,
transfusions de sang ou de plaquettes sanguines.
De plus, la fragilité osseuse peut être traitée à l’aide de médicaments de la famille des bisphosphonates, également utilisés dans le traitement de l’ostéoporose : acide clodronique (CLASTOBAN, LYTOS), acide pamidronique (OSTEPAM et génériques) ou acide zolédronique (ZOMETA).
Des traitements chirurgicaux peuvent également être mis en place lors de compressions de la moelle épinière, ainsi que des séances de radiothérapie pour soulager les douleurs osseuses.
L’autogreffe de cellules souches dans le traitement du myélome multiple
Chez les patients âgés de moins de 65 ans, le traitement repose généralement sur une chimiothérapie associée à une autogreffe de cellules souches hématopoïétiques, les cellules de la moelle osseuse capables de donner naissance à différentes cellules du sang.
La première phase du traitement consiste à administrer au patient une chimiothérapie dite « d’induction » qui va fortement réduire le nombre de plasmocytes cancéreux. Pour cela, le patient reçoit une association de plusieurs médicaments pendant deux à quatre mois :
un corticoïde : dexaméthasone (NEODEX) ou prednisone (CORTANCYL et génériques) ;
un agent alkylant : cyclophosphamide (ENDOXAN) ou bendamustine (LEVACT) ;
et/ou du thalidomide (THALIDOMIDE CELGENE), du lénalidomide (REVLIMID) ou du bortezomib (VELCADE).
Lorsque cette phase a atteint son objectif, des cellules souches sont prélevées dans la moelle osseuse du patient et congelées. Une chimiothérapie puissante (melphalan, ALKERAN) est ensuite administrée au patient enfin de détruire un grand nombre de cellules du sang, y compris les cellules cancéreuses.
Ensuite, les cellules souches saines qui ont été conservées sont réinjectées et, en quelques semaines, elles se multiplient et reconstituent les cellules du sang du patient. L’autogreffe nécessite une hospitalisation de plusieurs semaines. L’ensemble du traitement dure environ six mois.